Qui se cache derrière la marque ?

La modernité, c’est qu’une marque reste intemporelle
— Éva GIO

Rencontre avec Éva :

les confidences d’une créatrice mystérieuse

Un baiser français s’il vous plaît, à la vie à l’amore… des slogans qui véhiculent un message d’amour. Pourquoi avoir choisi ce thème ?

J’aime prendre la vie du bon côté, j’ai donc voulu concentrer ma marque sur une histoire forte à travers mes produits. Une direction créative qui me tient à cœur. De plus, l’amour est une chose intemporelle et universelle. Même s’il est surtout présent à la Saint-Valentin, l’amour n’est en réalité pas saisonnier. Je voulais un thème qui soit compréhensible pour tous, avec un slogan qui soit facile à prononcer dans toutes les langues, à comprendre et à retenir. De cette manière, je peux illustrer au monde l’amour à la française.

Les produits que tu proposes sont unisexes, pourquoi avoir fait ce choix ?

Pour être totalement transparente, j’ai eu beaucoup de problèmes avec les coupes féminines. Puis j’adore porter des t-shirts hommes, comme d’ailleurs la majorité de mes amies qui ont 99% de t-shirts masculins dans leurs gardes-robes. En faisant ce choix, j’évite les problèmes de tailles et ça me permet une facilité de gestion des stocks. Dans un autre temps, je tenais aussi à ne pas “genrer” mes produits.

En tant que femme à la tête d’une société, arrives-tu à maintenir un équilibre entre vie sociale et vie professionnelle ?

C’est simple, j’ai des journées de 72h ! Je n’ai pas réellement de routine, j’essaie de m’organiser mais il y a toujours des aléas qui chamboulent mon planning. Être à la tête d’une société implique de se donner à 100% et d’avoir toujours un œil sur tout. Cependant il ne faut pas avoir peur de prendre des risques en se mettant à son compte, comme je le dis souvent : quand on veut, on peut ! La présence de mes employées la semaine au bureau m’aide aussi à trouver un rythme de travail “normal”, elles me permettent de diviser en quatre le travail que je fais pour dix. Ce n’est pas toujours simple avec toutes les choses que je dois gérer, mais il est important de trouver du temps pour soi lorsqu’on est à son compte (du moins j’essaie).

©Marie Dicharry

Beaucoup de personnes te suivent, mais peu savent qui est vraiment Éva. Peux-tu m’en dire plus sur toi ?

Je suis une créatrice parisienne originaire du sud de la France. J’ai grandi sur les côtes Méditerranéennes, un environnement calme et poétique, avec un papa rêveur et une maman italienne, qui m’a transmis son côté fonceur et son franc parlé. Mon goût pour la mode et la création me vient en particulier de mes grands-mères, de talentueuses couturières. C’est sûr que ça ne me serait pas venu de ma maman qui ne sait pas manier des aiguilles !Je me souviens des défilés de mode que je faisais dans le jardin de mes grands-parents… des moments précieux de mon enfance qui ont façonnés la femme que je suis devenue. Sans oublier mon amour pour l’Italie qui fait entièrement partie de moi de par mes origines et qui m’inspire au quotidien.

Tu as baigné dans un milieu créatif, propice à développer ton sens de la mode. Cela a-t-il éveillé en toi un rêve de petite fille ?

En réalité, comme beaucoup d’enfants, il y a plusieurs métiers que j’ai voulu pratiquer. J’ai d’abord voulu être artiste peintre à huit ans car j’étais fan de Joan Miró, puis styliste à dix ans en passant par architecte d’intérieur à douze ans, mais vu mon niveau en mathématiques je me suis vite ravisée. J’ai aussi pensé à créer mon propre magazine de mode. On peut ressentir l’influence de mes grand-mères dans ces choix de vocations !

J’ai toujours su que je n’étais pas faite pour travailler pour un patron, ça s’est d’ailleurs confirmé lors de mes entretiens d’embauche : on m’a beaucoup fait la remarque sur mon tempérament qui ne correspondait pas souvent, en soulignant mon leadership naturel.

Comment s’est déroulé ton parcours professionnel ?

J’ai eu la chance de pouvoir étudier mes passions, l’art et le design. J’ai d’ailleurs été tout de suite designer graphique, tout en gardant un pied dans le monde de la mode en étant aussi personnal shopper. Puis j’ai par la suite été appelée par des marques mondialement connues, pour devenir designer print. Ces expériences m’ont d’autant plus confortées dans l’idée de me mettre à mon propre compte.

Alors après avoir baigné dans les coulisses de ces marques, j’ai pensé que mettre à profit les connaissances que j’avais acquises en créant la mienne serait un défi intéressant. Et c’est ainsi qu’un baiser français s’il vous plaît à vu le jour !

J’ai d’abord voulu tester trois produits sur le marché, mon but étant de faire voyager mon message, ce qui a tout de suite pris de l’ampleur à l’international. J’ai ensuite pu me diversifier à travers des collections plus conséquentes.

Globalement, tout partait bien mais là, alors que je venais d’embaucher une employée pour collaborer à mes côtés, bim ! Le Covid ! Tout s’est vite compliqué avec le confinement qui nous a tous pris de court. J’ai donc dû trouver un moyen pour ne pas faire couler ma boîte et pour continuer à payer mon employée. Je suis alors devenue chargée de communication et relation presse dans la finance et conseil en gestion de patrimoine.

Aujourd’hui, heureusement, c’est derrière moi ! J’ai enfin mon usine de production, je suis entourée d’une super équipe et de revendeurs géniaux. Et je compte bien poursuivre l’expansion de ma marque et son développement dans le monde. Mais ce sont des choses dont j’aurai l’occasion de plus vous parler prochainement dans un article !

Avec cette pression, as-tu déjà songé à tout arrêter ?

Évidemment ! et tous les jours d’ailleurs, ce serait mentir que de dire le contraire : honnêtement je me demande qui n’y a jamais songé. C’est un milieu dans lequel il faut impérativement être organisé et avoir les yeux partout, le cerveau est constamment éveillé. Il faut également garder la tête sur les épaules. Tout ça  peut représenter une charge mentale importante qu’il est nécessaire de prendre en compte. Dans les moments de doutes, il faut pouvoir se raccrocher à quelque chose qui soit une source de motivation. Pour ma part, une des choses qui me motive à poursuivre dans ce milieu, c’est de me dire que je n’ai pas de patron. Il n’y a personne qui me mette la pression si ce n’est moi-même et surtout je ne fais plus bénéficier mon talent à des personnes qui abusaient de mes capacités de travail.

En tant que créatrice, quelle image as-tu des réseaux sociaux ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser en regardant mon compte Instagram, je ne suis pas une fan assidue des réseaux sociaux. Pour moi ils représentent une source addictive et néfaste, promouvant la course à la concurrence. Mais ils me sont cependant précieux au niveau de la communication et de l’interaction avec ma communauté. Ils permettent de belles rencontres que ce soit avec ma clientèle, ou avec d’autres créateurs. Il faut prendre en compte que je ne suis pas de cette génération. Je me suis d’abord fait connaître via la télévision, à une époque où les consommateurs n’étaient pas influencés à acheter des produits dont des peoples font la promotion et qui eux-même n’avaient pas la même place qu’aujourd’hui. La chose que les réseaux sociaux m’ont fait comprendre c’est que tout n’est pas toujours réel. Ne vous fiez pas à tout ce que vous voyez et tout ce que l’on vous dit !

Se lancer dans le domaine de l’entreprenariat peut amener à des peurs, des doutes. Comment les as-tu surpassés ?

Dans n’importe quelle société, il y a des hauts et des bas et la mienne n’en fait pas exception. Il y a des périodes plus creuses que d’autres qui peuvent entraîner beaucoup d’anxiété. En hiver par exemple, je sais que j’ai toujours beaucoup de commandes qui sont même parfois difficiles à gérer, alors que d’autres sont des périodes de vide. C’est un gros travail à réaliser sur soi pour ne pas se faire engloutir par ses peurs ou par ses doutes. Il faut continuellement chercher à toujours plus se développer.

Si tu devais choisir la bande son de ta vie, laquelle prendrais-tu ?

Tout le monde se serait peut-être attendu à ce que je dise “Bonnie and Clyde” de Gainsbourg, mais non. La B.O du film Minuit à Paris serait un choix plus évident ! Il fait partie de mes classiques filmographiques.

As-tu une anecdote drôle à partager ?

J’ai pensé à un moment de ma vie à écrire des sketchs pour faire des one woman show. (D’ailleurs, petit clin d’œil à mes ami.es qui étaient mon public et qui écoutaient mes blagues nulles) !

As-tu une citation de prédilection ?

Je suis anti-copie ! J’aime créer mes propres citations, je n’en ai jamais une nouvelle chaque jour. J’aime mieux  me référer à ma citation préférée : « La modernité, c’est qu’une marque reste intemporelle ».